Aprés quelques échanges téléphoniques entre gens
bien intentionnés, je me retrouve sur la route de l'Aisne pour découvrir
un chassis LATIL antédiluvien !
Avant tout, je tiens à remercier très chaleureusement de leur
accueil, un couple de Picards et leur fils, qui ont eu la riche idée
de sauver du ferrailleur ce châssis en sommeil sur leur terrain depuis
une dizaine d'années. Précédemment, ils l'ont sorti d'un
bois où il avait servi de base de roulotte.
Depuis la récupération de ce châssis LATIL, il fallait retrouver
un acte de naissance à ce bout de ferraille.
Avec l'aide de notre président Tractlat, et de sa recherche approfondie,
nous en avons conclu qu'il s'agissait d'un camion LATIL C2 de 1912 à
roues charronnées bois, bandages caoutchoutées, pour un empattement
de 3,40 m et d'une charge utile de 3 tonnes !
Déjà,les bases de la transmission par cardans et réducteurs
étaient fixées pour le constructeur LATIL, tels qu'il les gardera
pendant les 70 ans à venir, dans pratiquement toute la gamme.
Ce camion LATIL C2 a eu le privilège de passer les épreuves de
concours militaires comme les autres marques de l'époque, ce qui permettait
de récupérer des commandes d'engins auprès du ministère
des Armées.
Ces premières séries de véhicules à moteurs et boites
de vitesses en lignes à traction sur roues avant uniquement étaient
précédés par les camions dit à "avant-train
LATIL" de 1902 à 1911, à moteurs et boîtes transversales,
comme nous connaissons le principe sur beaucoup de véhicules de nos jours.
Revenons à notre châssis LATIL C2. Il restait à trouver
un péteux à installer dessus. Mais un moteur vieux de cent ans,
faut pas rêver. L'année dernière, on vendait dans LBC, un
châssis de NVL LATIL de 1920 avec moteur borgne qui a les mêmes
caractéristiques à quelques détails prés (fixations
de boîte sur le châssis différentes). Je récupère
ce taxi à Coulommiers, à savoir que le bloc était collé
et les soupapes désintégrées par la rouille, mais pas trop
le choix !
Comme je le disais plus haut, c'est le fait d'avoir récupéré
un châssis avec son groupe moteur boite, qui m'a permis de me lancer dans
ce sauvetage de ce LATIL C2.
1 - 2 - L'épave dans un village de l'Aisne. |
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3 - 4 - Chargement de l'ancêtre, et retour en Haute Normandie. |
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5 - 6 - 7 - Grosses roues en bois un peu vermoulues. |
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8 - Superbe pièce de fonderie servant de support aux paquets de lames de ressorts, et au maintien du pied du poste de conduite. |
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9 - Le support de la béquille anti-recul sur l'essieu arrière. |
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10 - 11 - Déstockage du châssis depuis 4 ans. |
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12 - Petite trappe sur le réducteur droite.
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13 - Déjà , les glissières de paquets de lames, comme on les retrouve sur les TL. |
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14 - 15 - 16 - Alors , ça baigne ? Oui, dans une huile noire épaisse depuis 100 ans ! |
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17 - Pas de roulements, mais des bagues en bronze ! |
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18 - Frappe du châssis |
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19 - Essieu arrière avant démontage |
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20 - La roue la plus fatiguée. |
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21 - 22 - Le moyeu avant. |
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23 - 24 - Dépeçage du châssis. |
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25 - 26 - Sablage du châssis. |
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27 - 28 - 29 - Avec l'aide de mon acolyte Latilrestor, nous récupérons et chargeons, du côté de Coulommiers, cette ancienne base de car d'excursion déjà pas mal transformée. |
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30 - 31 - Retour à la maison, tout ce que j'avais besoin pour poursuivre mon projet, moteur, boite de vitesses, les cardans de transmission. |
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32 - 33 - Le boitier de direction et son volant, le capot moteur, et les supports d'ailes avant en fer forgé plus quelques bricoles. |
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34 - 35 - 36 - Ouverture des bouchons d'accès aux soupapes, (A PU )les soupapes ! tiens ? elles sont grippées. |
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37 - 38 - Pourtant, cela ne fait qu'une cinquantaine d'années
que cet engin était garé dehors ! |
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39 - 40 - 41 - A part trois soupapes pas trop déglinguées pouvant être sauvées, pour les autres, il me restait des soupapes d'admission de H 14. Il me suffisait de les réduire de 1,5 millimètre sur le diamètre et de ressouder les anciennes queues (même principe que j'avais fait sur le TP LATIL). |
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42 - 43 - 44 - Pour rôder les anciennes soupapes, (leur surface étant attaquées par la rouille) un double-face collé
dessus facilite la prise de la ventouse. |
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45 - 46 - Même travail de réfection des sièges que sur le TP . |
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47 - 48 - Un guide était soudé par la rouille (voir plus haut), fabrication d'un nouveau guide et mise en place à la Loctite à l'aide d'un outil de ma confection. |
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49 - 50 - 51 - Vidange de l'huile en mélasse dans le carter suivi d'un décrassage du vilebrequin et bielles à la vapeur. |
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52 - 53 - 54 - Décrassage du carter et de la pompe à huile. |
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55 - 56 - Décrassage du carter. |
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57 - 58 - Débraye, ça fume ! L'approche de l'embrayage et de son démontage est vraiment un chantier préoccupant, mais passionnant. Le tout est pris dans une gangue de rouille. |
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59 - 60 - 61 - Le tout est pris dans une gangue de rouille, bloqué à donf. Impossible de mettre une clef sur un écrou ou sur un boulon,ils n'ont plus de tête ! Bonjour le marteau et la meuleuse. |
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62 - La butée d'embrayage et l'arbre de commande de fourchette sont complètement soudés par la rouille. |
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63 - 64 - 65 - Après un grand ménage, et la réfection du disque à neuf, un léger usinage des glaces. |
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66 - 67 - 68 - Ces pièces vont pouvoir être remontées. |
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69 - Et si on parlait de roues ?
Le LATIL C 2 1912 faisait partie des dernières séries des
camions de la marque à être équipés de roues
dites artillerie en bois charronné, avant que la firme équipe
les futures châssis (TP , TAR) de roues en fonte d'acier. Donc les
roues de mon LATIL C 2 sont en bois. Mais après un séjour
de plusieurs dizaines d'années, et abandonnées en forêt
dans l 'Aisne, elles sont en piteux état, surtout une, où
il ne reste plus que les rayons. La jante a pratiquement disparu. |
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70 - 71 - 72 - Sans être trop de la partie, je me lance dans
le charronnage avec une tronçonneuse, une meuleuse à disque
à palettes, et le prêt d'une petite scie à ruban par
un copain. Je récupère de gros pieux en acacia de quinze
ans de coupe chez un pote éleveur de vaches (normandes), et me
v'là parti à découper des quartiers. |
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73 - 74 - 75 - Puis vient le traçage avec le seul élément
de jante restant, et la découpe à la scie à ruban.
C'est ma première expérience avec ce genre de machine, c'est
sympa. Je fini l'ajustage après avoir supprimé les tenons
des rayons de roue. |
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76 - 77 - 78 - A chaque rayon, je mets deux chevilles de 22 mm collées à la polyuréthane, et ensuite, rectification à la meuleuse et à la ponceuse à bande.
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79 - 80 - 81 - Ajustage sur la jante acier tout en réservant un espace pour le coulis de résine polyester. Je mets une première couche de peinture, et voila le résultat.
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82 - 83 - Réfection du frein primaire en sortie de boite.
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84 - 85 - 86 - Etant actionné par la pédale,
une partie du tambour du frein était bouffé par la rouille. Je l'ai rechargé à la baguette rutile 2,5 en plusieurs passes,
et donné à la rectification. Les garnitures de mâchoires étaient bonnes, mais pourries de gras. Remplacement par des neuves.
Remise en place de l'ensemble de frein, et réglage.
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87 - 88 - 89 - Réfection du boitier de direction, vidange des huiles et graisses pourries. Nettoyage à la haute pression vapeur.
Les roulements sont nickels. Découpe des joints bavettes dans du bulgom, et mise en peinture. Bourrage de graisse fraiche et mise en attente de remontage.
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90 - 91 - Fabrication, le plus identique possible, d'une pipe d'admission
avec des bouts de tube et coudes acier de plomberie. Beaucoup de soudure et de meulage suivi d'un sablage, puis d'une peinture thermolaquée
au four. La pipe est mise en place sur le moteur équipée d'un carbu SOLEX de 30 dégoté à la bourse de Reims.
1ère photo : pipe d'origine LATIL du TP, 2ème photo pipe de fabrication Latil 76 pour mon C2.
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92 - 93 - 94 - Reconstruction complète d'un radiateur et de son masque carter d'habillage. Ce dernier étant très diffèrent
du modèle équipant les châssis suivants comme le TP ou NVL à faisceau que l'on connait encore maintenant sur nos véhicules.
Mais en ce qui concerne notre C2, des séries de tubes rejoignant
de haut en bas les boites à eau. Avec l'aide précieuse de François (un membres du forum LATIL), j'ai copié sur le
LATIL type C2 du Musée de l'Automobile de Lorraine (ce camion et le mien seraient les deux seuls survivants LATIL type C2 de 1912 connus).
Dérogation à la règle, j'ai pu le faire construire en inox : emboutissage des passages de tubes dans les boites à eau.
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95 - 96 - 97 - Découpe, soudure des boîtes et des tubes par mon pote Daniel qui a suivi mes plans à la lettre.
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98 - 99 - 100 - Mise en place à blanc du radiateur pour la fixation sur le tablier de cabine également reconstruite à neuf.
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101 - 102 - Confection du masque de radiateur à l'origine dans une tôle de 3 mn d'épaisseur. Traçage, pliage, perçage et découpe pour réaliser les ouies d'aération, suivi d'un peu de soudure.
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103 - 104 - 105 - Adaptation du bol de ventilation au centre du carter.
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106 - Mise en place et calage de la magnéto.
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107 - 108 - 109 - Confection des supports de garde-boue et marche-pieds.
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110 - 111 - 112 - Ouverture sur le capot moteur des ouies nécessaires sur ce modèle C2.
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113 - 114 - 115 - Renforcement de la base du capot moteur.
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116 - 117 - Confection du pot d'échappement (identique à celui du TP).
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118 - Récupération d'un réservoir d'essence, et pose sur brides sous le futur siège.
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119 - 120 - Remontage de l'essieu arrière après avoir refabriqué des cales de bois et des étoquiaux.
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121 - 122 - 123 - Un nettoyage des garnitures de frein a suffi. Les lames de ressort ont été sablées, poncées, peintes, et graissées avant remontage.
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124 - 125 - Remontage du frein de parc avec les câbles, tringles et tubes de cuivre.
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126 - 127 - Remontage du frein de parc avec les câbles, tringles et tubes de cuivre.
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128 - 129 - Mise en place de la boîte de vitesses sur le châssis C2.
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130 - Raccordement des cardans aux réducteurs.
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131 - 132 - On arrive à la construction de la caisse arrière, en n'ayant que deux photos d'époque comme document !
Récupération de bastings, planches et contre plaqué marine, traçage, sciage des traverses en chapeau de gendarme, rabotage, ponçage.
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133 - 134 - Ensuite, perçage pour le passage des tirants.
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135 - 136 - Mise en peinture "bleu horizon" mat.
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137 - 138 - Fixation de l'ossature de base sur le châssis.
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139 - 140 - 141 - Facile à travailler, et solide, le contreplaqué de 15 mm pour les panneaux latéraux est rigidifié par des demi-chevrons dans une feuillure faite à la main, au ciseau à bois et à la scie circulaire portable (sale corvée).
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142 - 143 - Voilà la caisse arrière peinte.
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144 - 145 - 146 - Confection d'un cerceau de volant de direction. Découpe des plots de châtaigniers, ébauche des carrelets.
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147 - 148 - 149 - Découpe à la scie à ruban, et rainurage de la feuillure à la tronçonneuse.
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150 - 151 - 152 - Dégrossi à la râpe (Celle que j'utilisais pour les pieds de ma jument de trait). Assemblage à la colle polyuréthane.
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153 - 154 - 155 - Meulage des excédents de colle, et reprise des arrondis au rabot électrique, à la petite meuleuse, et à la ponceuse à bande. Perçage de l'ensemble bois , alu et le tout chevillé. Mise en forme des agrippes doigts sous le volant.
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156 - 157 - Ponçage final suivi de deux couches de vernis.
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158 - 159 - 160 - Confection des supports de bâche de cabine.
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161 - 162 - 163 - Confection des arceaux de bâche de cabine.
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164 - 165 - 166 - Pour l'ossature de la caisse, confection de cinq
arceaux en fer U 40x20, en respectant au mieux possible les perspectives
de mes photos de l'époque, et fixation avec des brides de ma fabrication,
puis vissage des voliges supportant la bâche, et le tout peint en
bleu horizon.on commence à retrouver les proportions de la silhouette du camion visible en haut de cette page
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167 - 168 - 169 - On commence à retrouver les proportions de la silhouette du camion visible en haut de cette page.
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170 - 171 - 172 - Une belle bâche faite par un pro de notre forum, en mélange coton teinté gris beige, comme à l'époque, tendue par des sangles en cuir. Le bahut le méritait, nen ? Mais le compte en banque de ma patronne, moins. Détails du bouclage en cuir et fermeture du panneau arrière.
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173 - 174 - 175 - Détail du bouchon sur la boite à eau du radiateur. Le phare à acétylène (Oeil de secours).
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176 - 177 - L'avertisseur (à air comprimé).
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178 - 179 - 180 - Confection du siège banquette en acier, et l'assise suspendue à l'ancienne.
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181 - 182 - Siège banquette fini. Feux de position à alcool.
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183 - Comparez avec le modèle C2 du concours de 1912.
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